Amours contrariées

Amours contrariées

Pour une jedi, être mariée à un mandalorien peut vite se révéler être une situation à haut risque. Et pas seulement parce que la vie au sein du clan est aussi rude que dangereuse, ou parce que les Fils de Mandalore sont considérés, à tort, comme de loyaux serviteurs de l'Empire par nombre de mes pairs. La vie au sein du clan est basée sur la loyauté et l'entraide. Si on ajoute à ça la mission que tout jedi se doit de remplir, je passai mon temps à porter secours à toute personne qui en avait besoin. Je n'aurai jamais pensé que mon mode de vie pousserait un déséquilibré dans ses derniers retranchements.

Je ne me souviens pas avoir fait quoi que ce soit d'exceptionnel au cours de ma longue existence,pas plus en tout cas que ceux qui ne sont plus là pour le raconter. Mais, allez savoir pourquoi, un jeune chiss, soldat au sein des forces de la République, se mit en tête de m'impressionner.

Notre première rencontre eût lieu sur Ord Mantell. Ktah était affecté dans une des garnisons chargées de repousser les séparatistes, alliés de l'Empire. Ce jour là, il devait, avec son unité, aller ''nettoyer'' une poche de résistance. J'étais pour ma part venue apporter des armes et des munitions récupérées quelques temps plus tôt, et, leur commandant ayant été tué la veille, je fus désignée pour escorter l'unité de Ktah sur le champ de bataille.

Comme souvent lorsque l'on se fit à des renseignements récupérés sur l'ennemi, nous ne comprîmes que trop tard que c'était un piège, et, au lieu de prendre par surprise le groupe de séparatistes, ce fût lui qui nous sauta littéralement à la gorge.

Tout comme les mandaloriens, les chiss sont perçus comme des alliés de l'empire, et même si au sein de la République la tolérance est sensée être une règle absolue, le comportement des autres soldats qui collaboraient avec Ktah laissait sérieusement à désirer. De ce fait, le jeune homme faisait tout ce qu'il pouvait pour montrer sa loyauté et sa bravoure. Ce qui faillit lui coûter la vie.

Posté en hauteur au moment de l'embuscade, il aperçut un des séparatistes s'armer d'un lance-roquettes dans le but évident de faire un maximum de victimes dans nos rangs. Nous hurlant de nous mettre à couvert, il sauta sur le soldat et parvint à saisir le bras de ce dernier, déviant l'engin de mort et nous sauvant la vie. J'avais à peine eu le temps de dresser une barrière de Force, et je doute que cela aurait suffit à nous protéger si Ktah n'avait pas réagi aussi vite.

Malheureusement, il avait été sérieusement blessé au visage quand la roquette était partie, et nous dûmes le rapatrier à l’hôpital le plus proche. Je pris soin de mentionner dans mon rapport de l'incident que, sans lui, nous ne nous en serions pas sortis, et demandai à ce qu'il soit soigné en priorité. Rien dans mes propos ne laissaient sous-entendre quoi que ce soit, mais ce fut le déclenchement d’événements que je regrette encore aujourd'hui.

Je ne m'attendais pas à revoir Ktah. Mais lorsqu'il apprit que j'avais quitté Ord Mantell pour Nar Shadaa, il n'hésita pas, afin de me remercier, à faire le voyage pour me rejoindre.

La discussion qui s'ensuivit fut brève et platonique, chacun remerciant l'autre pour son attitude sur le champ de bataille, et nous reprîmes nos routes respectives. J'avoue ne pas avoir beaucoup prêté attention à Ktah, mais j'avais mes propres soucis – je venais de ramener Aru'e à mon vaisseau et me dirigeai vers le repaire du Hutt responsable de sa captivité – et mes pensées étaient loin d’être les mêmes que celles de Ktah. Se sentant sans doute rejeté, il prit la pire décision de sa vie.

Une fois le Hutt convaincu qu'il valait mieux pour lui qu'il cesse tout commerce d'esclave, je pris le chemin du spatioport, et, préoccupée par la situation d'Aru'e, je ne pris pas garde à l'ombre qui me suivait de près.

Il se passa plusieurs mois avant que j'ai des nouvelles de Ktah. Je reçus un jour une convocation pour le Sénat. On demandait à me parler dans les bureaux des Services Secrets. M'y rendant sur le champ, je fus accueillie par une Mirialan d'un certain âge.

-Briggid Oyakut ?
-En effet. puis-je savoir ce que je fais ici ?
-J'y viens. Connaissez-vous par hasard un chiss répondant au nom de Ktah ?
-Euh...connaître est un bien grand mot, vu que nous ne nous sommes rencontrés qu'à deux reprises. Il lui est arrivé quelque chose ?
-J'aurai préféré...A cause de vous, il a fait capoter une opération que nos services avaient mis deux ans à mettre en place.
-A cause de moi ? J'avoue ne pas très bien comprendre...
-Tenez, me dit la Mirialan d'un air agacé en me tendant un datapad. Nous l'avons interrogé, et sa déposition en dit long sur votre implication dans cette affaire...

J'avais eu l'impression, en quittant Nar Shadaa, avoir été suivie, mais n'y avais pas pris garde. J'aurai vraiment dû. Echaudé par mon accueil assez froid, Ktah m'avait espionné et décidé de tout faire pour m'impressionner et me prouver qu'il était digne de moi. Déçu que je laisse cette larve de Hutt en vie, il avait attendu que je sorte du repaire de ce dernier et ''nettoyé'' la zone, comme on le lui avait appris sur Ord Mantell, ruinant les efforts des Services Secrets qui avaient perdu suite à ce ''coup de folie'' trois excellents agents infiltrés au sein du cartel.

Ne sachant trop que dire, je promis à la Mirialan de parler longuement à Ktah afin qu'il comprenne la portée de ses actes et que nous trouvions ensemble une solution pour remédier à ce fiasco.

-Dès que vous aurez trouvé un moyen de réparer cette catastrophe, contactez mon service et demandez à me parler directement. A présent, disposez, j'ai du travail qui m'attend.
-je ferai au mieux, madame...
-Baar'ur. Lieutenant Baar'ur.

Quelque chose me disait que je n'avais pas fini d'entendre parler de cette affaire...