Shereshoy la discrète

*Début de l'enregistrement holovidéo *

[L'image montre une pièce assez exiguë, peu éclairée. Au milieu est assise une silhouette. Brusquement, la lumière se fait, révélant une dame âgée, aux cheveux courts, blancs et au visage marqué par des années de durs combats.]

Je me nomme Shereshoy. A l'heure où je vous parle, il ne me reste pas longtemps à vivre avant de rejoindre dans la Force ma fille bien aimée. Mais avant, je souhaite laisser derrière moi ce modeste message, ce témoignage de ce que fut ma vie. Nous sommes en paix aujourd'hui, mais ce ne fut pas toujours le cas, et afin que ce dont j'ai été témoin ne se reproduise pas, je tiens à relater certains événements. Bien sûr, vous n’êtes pas obligés de m'écouter, ni de diffuser ce message, mais si vous souhaitez le faire, j'aimerai une chose : que vous soyez patients. Ma mémoire n'est plus ce qu'elle était, et il se peut que je m'égare ou me trompe sur certains éléments. T8, tu veux bien me ramener un peu de liqueur d'Aldérande, tu serais un amour.

[ Apparaît au bout de quelques secondes un droïde barman, visiblement aussi âgé que sa maitresse à en juger par son état. Il pose a coté de Shereshoy le verre qu'elle a demandé et sort du champ de la caméra. ]

Merci, T8. Reprenons. Les jeunes d'aujourd'hui, hélas, ont tendance à plaisanter et à se moquer lorsque l'on évoque les anciens conflits. J'ai même surpris des enfants en train de jouer à la ''Gueguerre Sith'', un nouveau passe-temps, où un des participants joue un sith et doit se faire ''tuer'' par des jedi. La faute à qui ? Aux médias, en tout premier lieu. Combien de fois a-t-on entendu parler de ''héros jedi'' et de ''criminel sith'' ? Trop à mon gout. Certains disciples du côté obscur sont effectivement des sith, mais la situation était bien plus complexe que celle qui est dépeinte aujourd'hui. Si mon Aru'e n'avait pas autre chose  à faire de plus important, je lui demanderai de témoigner de ce qu'elle a vécu également. Certes, ce n'était qu'une enfant alors, mais elle a autant souffert que chacun de nous, et pas toujours par la faute des siths. Mais pardonnez moi, voilà que je m'égare. revenons à l'essentiel.

Je vous épargne les premières années de ma sombre existence, pas que ce ne soit pas intéressant, mais je préfère me concentrer sur ce qui m'a poussé à faire ce témoignage. Je commencerait donc ce recit par une des nombreuses visites que j'effectuai au Temple Jedi de Tython. Souhaitant passer inaperçue pour des raisons que j'évoquerai plus tard, je débarquai en navette au milieu de dizaines d’autres personnes. Las, ce ne fut pas suffisant, car une jeune personne, qui guettait mon arrivée, se précipita à ma rencontre.

- Maitre Briggid ? - C'est le nom que je portais alors-
- Euh...Oui ?
- Je me nomme Kal'vyshde. Puis-je m'entretenir un moment avec vous ?
-eh bien, soit, j'ai un peu de temps. A quel sujet ?

La conversation qui s'ensuivit me surpris. Impatiente, mais motivée et courageuse dans ses propos, la jeune initiée se montra à la hauteur de ce qu'elle voulait montrer. Je ne puis dévoiler ici le contenu de notre conversation, celle-ci étant du ressort de la vie privée. Si Kal'vyshde décide un jour de le mentionner, ce sera a elle de choisir sous quelle forme.

Lorsque vint l'heure de son entrainement au sabre, elle me demanda si je souhaitai l'accompagner. Désireuse de voir ce que valait la jeune femme au combat, j'acceptai. Et, une fois encore, elle me surpris. Peu de gens ont réussi à ce jour à me faire reculer. Elle parvint à me faire chuter. Nous nous revîmes par la suite, mais je garde de cette rencontre une forte impression, car c'est ce jour que je découvrit en Kal'vyshe une jedi d'exception.

Nous dûmes hélas nous séparer, d'autres affaires réclamant ma presence, mais...

[ On entend tout à coup quelqu'un frapper à la porte ]

T8, tu veux bien aller ouvrir ? je crois que notre invitée est arrivée.

[La porte s'ouvre, et une zabrak d'un certain âge entre dans le champ de la caméra. ]

Installe -toi donc, Freya. je commençais juste le projet dans je t'ai parlé. Tu devrai faire de même, tu crois...

* Fin de l'enregistrement, la caméra étant visiblement tombée en panne de batterie*

Chapitre premier : Une rencontre inattendue

Un des premiers souvenirs que je souhaite léguer concerne ma fille, Aru'e. Lorsque je l'ai connue, elle était haute comme trois pommes. Cela va faire trente ans que cette rencontre a eu lieu, mais son souvenir restera à jamais gravé dans mon esprit et dans mon cœur.

Je sais que selon le Code Jedi, on ne doit nullement s'attacher, que toute passion est à proscrire, mais lorsque je vois ce qui m'est arrivé suite à la mort de Deianera, je ne peux qu'etre d'accord. Mais ce jour là, je n'ai pas resonnée en jedi, juste en humaine.

Je venai de terminer une des missions que l'Ordre m'avait confié lorsque, arrivant au spatioport de Nar Shadaa, je tombai sur un spectacle qui me remua les entrailles : un groupe de civils excitait un animal enfermé au fond d'une cage. Je m'approchai pour leur dire ma façon de penser lorsque je me rendis compte qu'au lieu d’être un animal, l'objet de leur excitation était une enfant d'à peine sept huit ans, qui se terrait au fond de sa prison pour échapper à ces brutes. La cage était fermée, la petite ne risquait donc aucun outrage, mais je lus une telle peur dans ses petits yeux gris que je ne pus me resoudre a laisser faire.

Ecartant vivement les badauds, je fis face à son ''gardien'', qui comprit qu'il ne valait mieux pas me contrarier et alla rejoindre les civils. Je tendis la main vers l'enfant, qui recula, apeurée, sans doute plus habituée aux brimades et aux coups qu'aux mots doux et aux friandises. Elle faisait peur à voir. Je sais que les Hutts ne sont pas réputés pour être les rois de l'hygiene, mais je les aurai cru plus soigneux avec leur ''marchandise''. J'en fis la remarque au garde :

-Eh, l'affreux ! Je peux savoir pourquoi vous gardez cette petite enfermée, et dans un tel état ?
-Demandez au Baron, c'est lui qui s'occupe de ces ''animaux'', moi, je surveille la foule.
-Le baron ?
-Le Baron Venecar, oui. Tenez, le voilà qui approche, demandez lui donc, qu'on rigole !

Venecar ressemblait à tous les autres Hutts : une limace degoutante qu'on avait envie d'ecraser sous son talon. Mais il avait quelque chose en plus : il suintait la peur...Intriguée, je me rapprochait de lui pour voir si c'était moi qui lui faisait cet effet, sans trop y croire. Je n'était sans doute pas le premier jedi qu'il voyait. Il ne restait donc qu'une seule explication : ce qui lui faisait si peur se trouvait enfermé dans la cage derrière moi.

Comment une fillette pouvait-elle terroriser par sa seule présence un puissant baron du crime ? J'eus la reponse quelques minutes plus tard. Je m'étais rapprochée de la cage, mais l'avais sans doute fait trop brusquement, et je ressentis tout à coup déferler dans ma tete une veritable tempête de pensées agressives, à tel point que je dus m'assoir pour essayer de lutter contre cette attaque.

Les heures passées à lutter contre l'influence obscure de Siqsa me servirent, et je retrouvai peu à peu mon calme. Comprenant que le jeune rattataki était à l'origine de cet assaut, je tendis à nouveau la main et essayai de la rassurer :

-Doucement, ma toute belle, je ne te veux aucun mal, promis.

Les yeux de l'enfant passèrent de ma main au Hutt, puis revinrent vers moi. Voyant que je n'allai ni la frapper ni la donner en pâture aux touristes, Aru'e - tel sera le nom qu'elle choisira plus tard - consentit enfin à communiquer. Mais elle ne le fit par par voies normales.

J'appris plus tard que les coups reçus avaient un jour broyé le larynx et les cordes vocales de la pauvre enfant, et qu'elle avait trouvé un moyen, après des années de pratique, pour communiquer, aussi bien pour manifester sa joie que son mécontentement. Je compris alors qu'elle était sensible à la Force, et que cette capacité en résultait. Aru'e ne parle pas, elle pense, et ce directement dans la tête de la personne avec qui elle veut établir un ''dialogue''. Et le premier mot qu'elle m'offrit fut : * Gentille ? *. C'était un début, mais je sentais qu'elle ne me faisait pas encore confiance, et qu'une seconde attaque était à redouter.

-Oui, ma douce, je suis gentille. Bon, ajoutais-je en me tournant vers le Hutt, pour que je puisse progresser avec elle, je dois la faire sortir de sa cage. Et ne vous avisez pas de refuser....

Il n'en fit rien. Au contraire, comprenant mes intentions, il recula de quelques mètres.

J'ouvris d'une poussée la cage qui nous séparait et pris la fillette dans les bras. Puis je m'assis et la mis sur mes genoux. Je me mis à me balancer de gauche à droite, de droite à gauche, tout en chantant doucement une vieille comptine que je pensai avoir oubliée mais que la présence de la jeune rattataki avait ravivée.

Le spectacle avait de quoi surprendre. Nous sous trouvions en plein cœur du spatioport de la plus grande ville-planète de ce coin de la galaxie, et je me tenais là, assise, une enfant muette sur les genoux, à chanter une vielle berceuse dans l'espoir de la calmer.

Ce qui finit par fonctionner. La fillette tourna son visage vers moi, me sourit, et je ressentit un profond calme envahir les lieux, comme si la colère apaisée de cette jeune inconnue avait dissipé tout animosité.

Me relevant, je ne fis pas un seul pas vers le Hutt et se cohorte de crapules, mais conduisit Aru'e vers mon hangar, afin qu'elle soit en sécurité. De plus, je ne voulais pas qu'elle soit témoin de ce que je m’apprêtai à faire.

Lorsque je sortis du hangar à nouveau, le Code Jedi essaya de s'imposer à mon esprit belliqueux, mais le spectacle auquel j'avais assisté en arrivant me poussa à l'ignorer. Vérifiant que je portai bien mon sabre à la ceinture, je me dirigeai vers le repaire de Venecar. J'avais une dernière chose à faire avant de quitter cet endroit, et tant pis si la Conseil désapprouvait...